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Genèse et évolution des sites producteurs d'aluminium. Essai d'interprétation des choix stratégiques de Pechiney et de leur mise en oeuvre. 1893-197
Auteur(s) : Lesclous, René ; Fridenson, Patrick
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Notice du document
- Titre / Title
- Genèse et évolution des sites producteurs d'aluminium. Essai d'interprétation des choix stratégiques de Pechiney et de leur mise en oeuvre. 1893-197
- Auteur(s) / Author(s)
- Lesclous René, auteur principal ; Fridenson Patrick, sous la dir.
- Type de document
- Thèse d'histoire contemporaine
- Publication
- Ecole des Hautes Etudes de Sciences Sociales (EHESS), 1996
- Description technique / Physical description
- 590 p.
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- Langue / Language
- Français
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Description
- Résumé / Abstract
À travers le cas de l'aluminium nous avons voulu étudier l'implantation des sites industriels. La production d'aluminium comporte deux stades essentiels : celui de l'extraction de l'alumine à partir du minerai, la bauxite ; et celui de l'extraction du métal à partir de l'alumine. Nous nous sommes volontairement limités à l'étude du deuxième stade, celle du premier serait la bienvenue. Elle reste à faire. Nous avons d'abord précisé les conditions spécifiques de la production d'aluminium. En fait, les critères utilisés par les producteurs pour choisir les sites d'électrolyse découlent des principaux composants du prix de revient : électricité, matières premières, position logistique, pérennité des conditions économiques de départ. Cinq sites de référence, construits par Pechiney, ont été retenus suivant la méthode considérée : - 1892-1921 : « l'envol incertain ». Nous avons étudié La Praz, première usine démarrée en 1893. - 1922-1950 : « l'élan brisé ». Nous avons choisi le site de Champagnier près de Grenoble. La crise de 1929 condamnera ce projet qui ne sera jamais réalisé. - 1951-1972 : la demande explose, la recherche de sites se mondialise. Ce seront : - de 1951 à 1958 : « l'aventure africaine » avec Édéa. - de 1959 à 1972 : « le rêve américain » avec Eastalco et le rééquilibrage en Europe avec Pechiney Nederland (PNL). La capacité des sites est passée de 3000t/an en 1893 à 25000 tonnes (programmées) pour Champagnier puis à 50000 tonnes pour Édéa. La capacité d'Eastalco et de PNL est de 170 000t/an. À partir de 1978, naît une génération d'usines dont la capacité dépasse 200 000 tonnes pour atteindre maintenant près de 500 000 tonnes. Une grille d'étude unique a été appliquée à ces cinq sites, qui comporte les points suivants : - état du monde de l'aluminium à l'époque considérée - examen des « atouts » de Pechiney, santé financière, sommet stratégique, compétences - chemin vers la décision stratégique - décision stratégique et choix du moment - réalisation, projet, financement, chantier, bilan - bilans du site, bilan financier, évolution - enseignement à tirer de chaque cas. Nous avons finalement tenté d'expliquer la prodigieuse croissance de la consommation d'aluminium à travers celle des sites producteurs. Pour cela, il nous a fallu cerner la « nature économique » de ce métal. Ce sont ses qualités propres mais surtout sa sensibilité au progrès technique qui ont autorisé la grande diffusion de l'aluminium. Le progrès technique a permis : - d'étendre les applications grâce surtout aux alliages dont les principaux sont l'Alpax et le Duralumin - d'abaisser très fortement le prix de revient. Ainsi, l'aluminium a pu profiter des phases d'expansion des cycles économiques longs mais aussi lutter efficacement contre ses principaux concurrents : la fonte, le cuivre, l'acier non allié, les matières plastiques. Pour un produit aussi dynamique, le respect continu de l'équilibre offre-demande n'est pas facile. La quantité supplémentaire qu'un producteur peut mettre sur le marché sans casser les prix (l'incrément commercial) doit être soigneusement pesé. La baisse du prix de revient est une véritable obsession pour le producteur. Grâce au progrès technique on peut, d'une part gagner sur les principales consommations (électricité, matières premières, main-d'oeuvre), et d'autre part abaisser les amortissements et les frais fixes en augmentant constamment la taille des cuves et celle des séries. La « taille économique » des usines, celle qui permet à un moment donné d'obtenir le meilleur prix de revient, se trouve fortement augmentée. Dans l'industrie de l'aluminium, l'histoire d'un producteur est fortement marquée par la corrélation entre la « taille économique » et son « incrément commercial ». La position logistique du site choisi vis-à-vis des sources d'électricité et de matière première joue un rôle essentiel. Ainsi se trouve établi le lien entre la production d'aluminium et l'espace. L'équipement des sites exige des capitaux considérables. Pour les amortir, il faut du temps et une certaine pérennité des conditions économiques de départ. À ces contraintes s'ajoutent celles du cycle économique long. Il y a un lien très fort entre la production d'aluminium et la durée. De fait, la vie des sites s'étale sur quatre-vingt-dix ans pour les plus anciens. Le métier de producteur d'aluminium est un métier de « paysan ». Il consiste à transformer des « poules aux oeufs d'or », gisements de bauxite et sources d'électricité à bon marché bien situés, en « vaches à lait », usines productrices, passée la période de récupération du capital, qu'il faut maintenir en vie le plus longtemps possible. L'aluminium aurait pu n'être qu'un métal secondaire comme le magnésium ou le titane. L'action des « sommets stratégiques » (Chandler) successifs a forgé son destin. L'efficacité et la continuité de l'action des hommes de l'aluminium force le respect.
En lien avec ce travail, voir dans les Cahiers d'histoire de l'aluminium :
- René Lesclous, "La production consolidée française d'aluminium. 1889-1990 - un siècle d'expansion", n° 14, 1994, p. 9-21.- René Lesclous, "Champagnier ou l'élan brisé : un projet de grande usine balayé par la crise de 1929", n° 21, 1997, p. 31-48.
