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Les métiers d'une usine à pâte : Lannemezan (1945-1992)
Auteur(s) : Tortil, Pierre
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Notice du document
- Titre / Title
- Les métiers d'une usine à pâte : Lannemezan (1945-1992) = Professions in an Anode Paste Workshop : Lannemezan (1945-1992)
- Auteur(s) / Author(s)
- Tortil Pierre, auteur principal
- Type de document
- Article
- Collection
- Cahiers d'histoire de l'aluminium
, N° 37, p. 45, ISSN : 0990-6908
- Publication
- Paris: Institut pour l'histoire de l'aluminium, 2006-2007
- Description technique / Physical description
- 28 p. : ill.; 24 cm
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- Langue / Language
- Français
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Description
- Résumé / Abstract
À partir de la seconde guerre mondiale, les conflits éclatent au grand jour dans l’aluminerie de Shawinigan, comme s’ils s’étaient produits à retardement après des décennies de calme social relatif. Est-ce dû aux conditions de travail en tant que telles ? Oui, dans la mesure où les multiples changements techniques ont occasionné des modifications de l’organisation du travail. Et sur ce plan, il est évident qu’il y a parenté dans les causes des grèves d’Arvida en 1941 et de Shawinigan en 1943. Dans les deux situations, la main-d’œuvre est en bonne partie nouvelle, plus nombreuse qu’à l’accoutumée et peu rompue au travail des cuvistes. Elle est dirigée par des cadres qui doivent assimiler l’innovation technologique et adopter, en tâtonnant, des méthodes de travail qui irritent plus d’un ouvrier. Par ailleurs, au sortir de la Crise et pendant la guerre, émerge une deuxième génération ouvrière à Shawinigan et dans bien d'autres villes de compagnies du Québec. Cette génération est constituée de jeunes hommes qui n’ont pas connu les dures conditions des chantiers forestiers ni l’émigration aux États-Unis et qui, par conséquent, n’éprouvent pas de gratitude à l’endroit de leurs employeurs. Elle est faite de personnes qui peuvent compter sur la solidarité du milieu urbain, de la région et même d’ailleurs au Québec. Ces travailleurs vont donc déployer un esprit de revendication plus agressif à l’endroit non seulement d’Alcan, mais de toutes les entreprises de la ville. Au-delà des conditions de travail dans une entreprise, la grève de 1943 renvoie à l'émergence d'une nouvelle conscience de classe dans le monde ouvrier québécois.
La fabrication des anodes occupe une place essentielle dans l’industrie de l’aluminium. Elle nécessite des usines qui doivent constamment ajuster leur production, en tonnage et en qualité, aux besoins des séries d’électrolyse. L’évolution de l’usine à pâte (ou atelier) de Lannemezan, depuis sa mise en route à la fin de la seconde guerre mondiale, est un exemple de cette avancée main dans la main avec les séries. Cette évolution s’est déroulée en trois étapes chronologiques. Il s’agit tout d’abord de l’usine à pâte primitive mise en route à la fin des années quarante pour les cuves Söderberg à goujons obliques, ensuite de l’atelier modernisé à la fin des années cinquante au moment de la construction des deux nouvelles séries Söderberg à goujons verticaux et, enfin, de l’atelier transformé à la fin des années soixante-dix pour être adapté à la fabrication des anodes précuites. Les travailleurs de l’usine à pâte voient leur quotidien évoluer parallèlement au progrès technique et à la modernisation. Il y a cinquante ans, l’atelier était nommé le « quartier nègre » en raison de la poussière et des conditions de travail. Pierre Tortil, grâce à un souci permanent du détail, nous permet de suivre au plus près l’évolution du travail de chacun dans l’usine à pâte de Lannemezan, fermée définitivement en 1992.
