Après la découverte d’un gisement de gaz naturel en 1951, près de Lacq en région Aquitaine, des groupes industriels cherchent à s’y installer. Le Groupement d’urbanisme de Lacq est créé par décret le 4 novembre 1955 afin de réglementer et d’organiser l’implantation d’une zone industrielle sur les territoires des communes de Lacq, Noguères, Mourenx, Pardies et Bésingrand. Ces deux dernières accueillent des complexes chimiques tandis qu’une usine de production d’aluminium primaire s’installe à Noguères en 1960.
En 1956, la société exploitante du gisement de Lacq, la Société nationale des pétroles d’Aquitaine (SNPA), cherche des débouchés pour l’exploitation du gisement de gaz alors que la Compagnie Pechiney veut accroître sa production d’aluminium avec l’installation d’une usine moderne. En 1958, un accord signé entre les deux parties et EDF prévoit la fourniture du gaz par la SNPA à une centrale thermique construite et exploitée par EDF au profit de l’usine de la Compagnie Pechiney. Le terrain de l'usine a une superficie de 135 hectares. Les travaux d'installation ont lieu en mars 1958 et la première coulée du métal le 2 janvier 1960.
Dépendante d’une source d’énergie différente de celle des autres usines de la Compagnie Pechiney, alors établies dans les vallées alpines ou pyrénéennes souvent isolées, Noguères est installée dans un complexe industriel au cœur d’une plaine. Située sur la rive droite du Gave de Pau, l’usine fait face à la centrale thermique installée sur l’autre rive de la rivière à Artix. Desservie par un embranchement de la voie ferrée Bayonne - Toulouse et par un réseau de routes nouvelles, l’usine de Noguères se situe à 80 km du port de Bayonne et à 30 km de la ville de Pau.
L’usine de Noguères est un centre de production d’aluminium primaire comportant trois séries d’électrolyse, un atelier de fabrication de pâte d’anode Söderberg et une fonderie.
Première usine de la Compagnie Pechiney installée en France depuis Sabart en 1929, l’usine de Noguères, moderne, est équipée de la dernière génération de cuves à anodes Söderberg à goujons verticaux de 95 000/ 100 000 A. Le site se caractérise aussi par la modernité de ses sous-stations dotées de redresseurs à silicium et à germanium et de son atelier de récupération de cryolithe.
À l’usine de Noguères, la présence forte des syndicats Force Ouvrière (FO), de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et de revendications nouvelles liées à la reconnaissance du métier d’ouvrier donne lieu à la grande grève de 1973. L’usine emploie 472 personnes en 1960 et termine avec un effectif de 292 employés en 1991.
Dès 1982, le plan de restructuration de Pechiney Ugine Kuhlmann prévoit la fermeture de l’usine de Noguères dont les technologies Söderberg, fleuron de la modernité Pechiney en 1960, se sont rapidement périmées face au développement des cuves à anodes précuites à plongée périphériques. Les séries de cuves sont progressivement arrêtées entre 1987 et 1991. L’usine ferme définitivement ses portes le 31 décembre 1991.