Situées dans le prolongement de l’usine, les cités ouvrières renforcent le caractère central de l’usine tandis que l’organisation spatiale à l’intérieur de celles-ci recrée une forme de hiérarchie rappelant celle déjà instituée à l’usine.
Après avoir eu recours à la location chez l’habitant et aux baraquements précaires, trois grandes cités ouvrières constituées de logements familiaux sont construites par l’entreprise afin de stabiliser les ouvriers à L’Argentière.
Dans les années 1920, la cité Aval accueille des habitations de type coron. Ces petites maisons ouvrières identiques, constituées de une ou deux pièces, sont destinées principalement aux ouvriers étrangers, les locaux étant souvent propriétaires, ou, du moins, déjà logés. Dans les années 1930, l’entreprise récupère la cité du Quartz après la fermeture de l’usine du même nom située dans les gorges du Fournel. De nouveaux logements apparaissent à la cité Amont, qui accueille le quartier de la maîtrise et de la direction. Enfin, la cité Polonaise est construite afin d’accueillir les ouvriers polonais qui arrivent en grand nombre à cette époque.
La direction de l’usine entame une politique d’hygiène sociale dès son ouverture. Tous les salariés et leurs familles bénéficient d’une couverture sociale notamment pour pallier les risques d’accidents du travail. Elle fonctionne grâce à l’institution d’une caisse de secours. À partir des années 1930, un hôpital dispensaire est construit pour la mise en place d’un service médico-social.
De manière générale, l'entre-deux guerres est une période de développement de l’urbanisme sociale. Cette politique vise à intégrer et à stabiliser les populations d’ouvriers par un ensemble de services urbains de types social, culturel et sportif. De nombreux équipements voient le jour : mairie, cinéma, foyer culturel, église catholique et orthodoxe, pharmacie, stade.
Après la Seconde Guerre mondiale, le parc immobilier de l’entreprise évolue face aux reconfigurations des flux migratoires. De nouveaux baraquements sont construits derrière la mairie, ainsi que 9 immeubles de type HLM au nord de la cité Amont. Celle-ci est réaménagée pour accueillir les ouvriers spécialisés. C'est à cette époque que les activités sportives liées à l'entreprise connaissent un véritable essor comme le judo, le volley, le ski, la gymnastique, le tennis, le basket-ball, ou la natation.
Sources principales consultées
Sciblo-Jaillet, Sylvie et Cowburn, Ian. L’Argentière-la-Bessée, géographie socio-économique d'une ville de l'aluminium
. Cahiers d'histoire de l'aluminium, n°24, 1999, p. 49. (IHA, cote : FR-IHA-REV-11.24.04)
FREGANS, Emmanuel (sous la direction de Mr CHAGNY).
L’usine Pechiney de l’Argentière. Contribution à l’histoire technique et sociale de l’industrie de l’aluminium. Maîtrise d’histoire, Université Pierre Mendès France, 1992-1993. (IHA, cote : IHA-TU-008)
VINDT, Gérard.
Les hommes de l’aluminium, histoire sociale de Pechiney : 1921-1973. Paris : Les éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2006. (IHA, cote : IHA-LIV-5 vin 01)