Afin de loger les 7 000 nouveaux salariés employés par les entreprises du complexe de Lacq ainsi que leurs familles, une ville nouvelle est construite : Mourenx. Située près du complexe industriel sur un terrain à faible valeur agricole, la ville nouvelle prévue pour 12 000 habitants est construite ex nihilo en 1957 par la Société nationale des pétroles d’Aquitaine (SNPA) associée à la Société centrale immobilière de la Caisse des dépôts et consignations (SCIC). Le capital de la Société civile immobilière de Lacq est composé d’un apport de 20 % de la SCIC, organisme bancaire public d’épargne, complété par un apport des entreprises de Lacq à hauteur de 20 % et par celui des crédits fonciers de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). La SCIC demeure la gérante statutaire et le propriétaire majoritaire des ensembles de logements à Mourenx. Les municipalités ne sont pas associées au projet. La ville est isolée tant géographiquement que dans sa gestion interne.
La ville est conçue par l’architecte Benjamin Maneval comme une cité autonome dont l’urbanisme et l’architecture est très fonctionnelle. L’architecte s’inspire des idées sur l’habitat collectif et sériel qui prévoit une organisation de l’espace vertical avec des logements semblables. La ville est organisée autour d’un point central, la place de la Mairie, et de deux voies perpendiculaires. Chaque quartier s’organise ensuite autour de sa place centrale, créant des espaces communautaires au pied des immeubles. Les 300 logements sont répartis au sein de 5 tours à raison de deux logements par étage. Chaque tour dispose d’une école primaire. Les équipements collectifs sont rassemblés dans un ensemble comportant une « cité scolaire » et des équipements sportifs diversifiés. Les équipements municipaux sont situés sur la place centrale avec la mairie comme point central.
Les ouvriers de l’usine de Noguères sont logés dans ces tours tandis que les cadres et les agents de maîtrises sont logés dans des pavillons éloignés du centre sur la « colline du Paloumé », reproduisant la hiérarchie de la société industrielle dans l’espace de la ville. À Mourenx, une organisation verticale est symbolisée par la colline dont on atteint les hauteurs en fonction de sa qualification.
La ville accueille 2 174 locataires en 1960, pour attendre 7 500 habitants en 1990. En 1963, sur les 453 ouvriers de l’usine de Noguères, 362 vivent à Mourenx.
Les défauts de construction, la dégradation rapide des logements et le manque de services urbains fragilisent l’intégration et l’attachement des habitants à leur espace de vie.
Pourtant, si l’organisation spatiale est ségrégative et les conditions de vie précaires, l’existence d’une centralité affirmée permet le développement d’un engagement local fort. Après les manifestations de 1962 contre le SCIC, les locataires s’organisent dans un Comité de défense des locataires. Ils dénoncent l’action de la SCIC qui éponge les déficits en les reportant sur les charges.
Après une période de dépopulation, la SCIC réhabilite les immeubles, puis mène une campagne de rénovation de la ville dans les années 1990 afin de la revaloriser et d’attirer durablement la population ouvrière.
La ville de Mourenx est aujourd’hui une ville de « banlieue » de l’agglomération de Pau.
Sources principales consultées
GIRARD, Paulette. Mourenx : de la ville nouvelle « à la ville de banlieue » ? Histoire urbaine. Mars 2006, n°17, p. 99-108. (Ressource disponible sur Cairn : http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RHU_017_0099)
LAMARQUE, Sébastien (sous la direction de Michel PAPY). Aspects locaux d'un grand conflit social : la grève de Pechiney Noguères (été 1973). Maîtrise d'histoire. Pau : Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2000. 194 p. (IHA, cote : IHA-TU-091)