L’usine de Rioupéroux, très dépendante d’une main-d’œuvre extérieure qu’elle ne parvient pas à stabiliser sur le territoire, entreprend rapidement une politique sociale.
Les logements manquent lorsque la Compagnie des produits chimiques et électrométallurgiques Alais, Froges et Camargue (AFC) démarre son activité à Rioupéroux. Une politique du logement, amorcée dès l’installation de la papeterie, est renforcée à partir de 1927. Après deux années d’activité à l’usine, la population est toujours plus nombreuse, provoquant une crise du logement. AFC rachète les immeubles et les maisons de la cité Firminy, édifiée au temps de la papeterie, qu’elle fait rénover entre 1927 et 1930. Cependant, de nombreux employés, notamment les ouvriers étrangers, vivent encore dans des baraquements insalubres et précaires. Mal logés, les ouvriers ne se fixent pas à Rioupéroux. Afin de stabiliser cette population, des habitations inspirées du modèle des cités jardins sont construites dès 1932. La cité Firminy est transformée et agrandie et les baraquements sont détruits afin d’accueillir de nouveaux quartiers avec des logements individuels qui apportent le confort nécessaire à une famille.
Les hausses d’effectifs des années 1935-1937 et la période de récession de 1939-1945 engendrent la construction de nouveaux baraquements. Le problème du logement n’est jamais véritablement résolu à Rioupéroux avant le début des années 1950 et la construction de plusieurs immeubles de type HLM.
L’urbanisation est marquée par une hiérarchie socio-spatiale. La cité de la Salinière, construite pour accueillir les employés qualifiés de l’usine, s’organise autour de la maison du directeur. Située au centre, la villa de 15 pièces est entourée d’un parc, autour duquel les villas des ingénieurs, celle des agents de maîtrise et les maisons des employés s’organisent de manière concentrique.
AFC entame une politique d’hygiène sociale dès son installation à Rioupéroux. Les ouvriers et leurs familles bénéficient d’une couverture sociale orchestrée par les caisses de secours. Dès 1926, l’encadrement médical ainsi que les soins sont entièrement et systématiquement remboursés en cas de maladie ou d’accident. En mai 1928, un service médico-social est intégré à l’usine.
À partir des années 1930, AFC favorise l’installation d’un ensemble de services de type socioculturel et sportif. Des sociétés de type culturel sont créées afin de permettre à des groupes de personne de se réunir autour d’un intérêt commun. Des chapelles catholiques et orthodoxes sont intégrées à la ville. En 1937, AFC fait construire un gymnase, puis un stade en 1943. Un animateur sportif professionnel est engagé la même année.
Sources principales consultées
SICHERI, Fabrice (sous la direction d’Henri MORSEL). Installations industrielles et transformations d'une commune alpestre : Livet-et-Gavet, 1900-1940. Mémoire d’histoire. Grenoble : Université de Grenoble II, 1989-1990. 302 p. (IHA, cote : IHA-TU-020)
VINDT, Gérard. Les hommes de l’aluminium, histoire sociale de Pechiney : 1921-1973. Paris : les Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2006. 254 p. Collection Mouvement social (IHA, cote : IHA-LIV-5 vin 01)