Une grève éclate à l’usine de Noguères le 26 mai 1973. 54 jours de grève s’accompagnent de revendications et de moyens d’actions nouveaux.
Après 1968, le regard des ouvriers change sur l’organisation sociale au sein d’une usine d’aluminium. À l’usine de Noguères l’existence de rapports hiérarchiques dans l’organisation du travail est remise en cause au début des années 1970. La stabilité traditionnelle des rapports sociaux dans les usines Pechiney est difficile à maintenir à Noguères du fait de la confrontation à d’autres modèles d’organisations présents à l’intérieur du complexe de Lacq
Conscients du caractère temporaire de l’activité de l’usine lié à la perspective de l’épuisement du gisement de gaz, les ouvriers expriment leur inquiétude. Leurs revendications s’organisent d’abord autour de l’amélioration de leurs conditions de travail. Ils demandent une augmentation des jours de congés payés, une prime de 13ème mois et un ralentissement du rythme de travail. Ils réclament surtout une révision du système de classification des salariés afin de faire reconnaître et de valoriser les compétences et le métier d’ouvrier.
Les salariés rédigent leur cahier de revendication le 5 avril 1973. Le 17 mai se tient une réunion de délégués du personnel. C’est un échec. Plusieurs journées de grèves ont lieu entre le 26 mai et le 2 juin. Les nouvelles négociations avec la direction le 2 juin n’aboutissent pas. Le principe de grève tournante est adopté par l’ensemble des ouvriers. La première période du mouvement social est marquée par une volonté de négocier avec la direction tout en maintenant l’outil de travail. Les grévistes obtiennent une réunion paritaire centrale le 21 juin. L’échec de cette réunion aboutit à un durcissement de la grève par l’arrêt total de l’outil de travail entre le 25 juin et le 4 juillet.
Durant cette période, les deux syndicats majoritaires et les ouvriers se divisent sur la question. Le mouvement se fragilise. La Confédération française démocratique du travail (CFDT) se positionne en faveur de la poursuite de l’action jusqu’au repli de la direction tandis que la confédération générale du travail (CGT) veut assouplir les revendications et accélérer les négociations dans le but de relancer l’outil de travail. Le 17 juillet, l’ensemble des parties s’accorde pour permettre les essais nécessaires à la réactivation des cuves. Cependant insatisfaits des propositions de la direction, les ouvriers continuent la grève et recréer un mouvement unitaire dans un troisième temps. Le gouvernement décide d’intervenir au début du mois d’août. Au cours de la réunion paritaire du 10-13 août, les différents parties parviennent à un accord prévoyant l’application des propositions du 17 juillet. Les ouvriers, satisfaits par la proposition d’une négociation à partir du 15 octobre sur les classifications au niveau de la fédération de l’électrométallurgie, reprennent le travail le 14 août 1973.