Nom du site : Usine de Calypso
En 1905, le cadre des élections législatives donne aux ouvriers de l’usine de Calypso l’occasion d’exprimer leurs premières revendications. Les bouleversements et la dureté du régime de travail des ouvriers imposés par la nouvelle norme de production après l’installation de la nouvelle chute d’eau, provoquent ce mouvement de contestation. Un cahier de réclamations est rédigé et transmis au directeur. Il en est de même pour les autres usines de la vallée de la Maurienne, notamment La Praz et La Saussaz. Les revendications portent sur la réduction du temps de travail de 12h à 8h pour une augmentation de salaire à 5 francs par jour. La direction de l’usine refuse de répondre et la grève éclate à Calypso le 22 août 1905, suivie de très près par les usines de la Praz et de La Saussaz. Les directeurs des usines se concertent et le 28 août une entrevue avec les délégués syndicaux aboutie à un accord. La direction de l’usine cède sur une augmentation de salaire de 15% et un jour de congé payé par mois mais la durée journalière de travail n’est pas modifiée. Les ouvriers grévistes sont chacun soumis à un entretien individuel avant de reprendre le travail.
Contraint de suivre les comportements plus souples des directions de la Praz et la Saussaz, Adrien Badin décide de reprendre un ouvrier qu’il voulait initialement suspendre après le mouvement de grève. Une grève est ainsi évitée le 9 septembre 1905.
Suite à la grève de l’été 1905, les ouvriers de la vallée de la Maurienne s’organisent à l’intérieur d’un syndicat, la Confédération générale du travail (CFDT). Ils rédigent un cahier de revendications commun dont l’objectif est d’obtenir l’abaissement du temps de travail à 8 h par jour. Ils prévoient une nouvelle grève pour le 1er mai 1906 en cas de refus de dialogue. Les directeurs des différentes compagnies décident cette fois-ci de mener une politique commune. Le 28 avril 1906, sachant que la grève doit éclater trois jours plus tard, ils font placarder dans leurs usines des affiches annonçant un refus systématique de négocier. La grève éclate le 1er mai. Constatant qu’ils ne peuvent empêcher ce mouvement de grève, ils décident de fermer l’ensemble des usines d’aluminium en Maurienne.
Après un mois d’arrêt complet de l’usine de Calypso et de fermeté de la part d’Adrien Badin directeur général de PCAC, une reprise du travail est discutée lors d’une réunion entre les industriels et les ouvriers qui ont créé le syndicat « jaune », en opposition aux « rouges » de la Confédération général du travail. Les jaunes s’organisent pour reprendre le travail à Calypso. Adrien Badin leur propose la remise en activité de l’usine de Calypso s’ils réussissent à mobiliser 150 ouvriers. Sans accord de la CFDT, il déclenche une crise. Le 5 juin 1906, le jour prévu de la réouverture, un piquet de grève refuse de laisser passer les ouvriers et des affrontements ont lieu entre les grévistes et les troupes de police et du service d’ordre.
Les ouvriers de l’usine de Calypso reprennent le travail le 9 juin après 41 jours de grève. Les revendications sur la réduction du temps de travail et l’obtention d’un jour de congé hebdomadaire n’aboutissent pas. 23 grévistes de l’usine de Calypso sont licenciés.
Dans la nuit du 7 au 8 septembre 1906, une charge de dynamite positionnée sur une conduite forcée explose. Elle n’engendre aucune destruction mais elle marque le début d’une période de tensions et d’absence de dialogue entre les ouvriers et la direction à l’usine de Calypso.
En 1907, alors que les ouvriers des usines de La Praz et La Saussaz travaillent 8h par jour et bénéficient d’une journée de repos hebdomadaire, ceux de Calypso travaillent 12h par jour sans arrêt de travail. Finalement, c’est l’intervention de l’Etat à travers la figure de l’inspecteur départemental qui permet aux ouvriers de l’usine de Calypso d’obtenir la même amélioration des conditions de travail.
Nouveau mouvement de grève qui demande à Adrien Badin de venir à Saint Michel-de-Maurienne pour mener les négociations.