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Le joint Tracta et l'avènement de la traction avant
Auteur du dossier : Sophie Pehlivanian (dossier édité par Simon Fieschi)
(Institut pour l'Histoire de l'Aluminium (IHA))
C'est avec son ami Pierre Fenaille que Jean-Albert Grégoire met au point sa première « révolution technique » dans la production automobile. Les deux jeunes ingénieurs, tout juste sortis de l'école, se passionnent pour la course automobile et décident de concevoir un véhicule qui leur permettrait de courir sous leur propre marque. Pierre Fenaille aime les expériences insolites et réussit à convaincre Grégoire de réaliser une voiture à traction-avant, alors qu'au milieu des années 1920, la propulsion est reconnue comme l'unique solution valable pour les automobiles.
Le prototype est appelé Tracta et semble présenter une tenue de route spectaculaire par rapport aux standards de l’époque. Un seul inconvénient apparaît à l’essai, celui de réactions violentes de la direction dans les virages. Les deux ingénieurs travaillent donc à la création d’une pièce qui permettrait de pallier ce défaut.
C’est dans cette recherche que la solution qui équipe toujours la plupart des automobiles voit le jour. Il s’agit du « joint homocinétique », aujourd’hui couramment connu sous le nom de « joint de cardan », appelé joint Tracta par Pierre Fenaille et Jean-Albert Grégoire, qui reprend et améliore les principes de l’arbre de transmission établis par le savant italien Jérôme Cardan au 16e siècle. Jean-Albert Grégoire en décrit ainsi les améliorations successives :
« Dans un joint à la cardan, si l’arbre mené fait un angle avec l’arbre meneur tournant à une vitesse constante, la vitesse de l’arbre mené est irrégulière, tantôt supérieure, tantôt inférieure à celle de l’arbre meneur […] ce qui occasionne un mouvement spasmodique transmis par la direction. En 1690, le mécanicien anglais Hooke avait décrit cinématiquement le phénomène et démontre que pour transmettre correctement un mouvement par des joints à la cardan, sous un certain angle, il suffisait d’en utiliser deux, symétriquement placés par rapport au plan bissecteur des arbres meneurs et menés. […] Fenaille proposa un joint double à noix, fort ingénieux qui, mis au point au cours des années suivantes, devint le joint Tracta. »
Ce joint Tracta permettrait enfin au principe de la traction avant d’être appliqué sur des véhicules de série. Les avantages de cette nouvelle mécanique sont nombreux : la tenue de route est excellente, le changement de direction est silencieux et la conduite est souple.
Le brevet est déposé en 1926 et ses licences sont gérées par la Société des Automobiles Tracta, spécialement créée à cet effet. Pour promouvoir le joint, deux prototypes sont préparés pour courir les 24 heures du Mans de 1927. Malheureusement, le matin de la course, un accident manque de tuer Jean-Albert Grégoire, Pierre Fenaille et leurs collaborateurs. Jean-Albert Grégoire, moins grièvement blessé que ses amis, s’enfuit de l’hôpital pour courir les 24 Heures aidé de pilotes recrutés peu avant le départ, et parvient à qualifier ses deux Tracta. Voilà une première victoire associée à une grande peine, puisque son ami Fenaille restera longtemps dans le coma et ne se remettra jamais vraiment de cet accident, laissant la gestion de la Société des Automobiles Tracta à Jean-Albert Grégoire.
Malgré les succès remportés par les Tracta à la course des 24 Heures pendant quatre années consécutives – Jean-Albert Grégoire obtient même le record du nombre de voitures qualifiées – le système de traction-avant reste décrié par la plupart des constructeurs.
Le prototype est appelé Tracta et semble présenter une tenue de route spectaculaire par rapport aux standards de l’époque. Un seul inconvénient apparaît à l’essai, celui de réactions violentes de la direction dans les virages. Les deux ingénieurs travaillent donc à la création d’une pièce qui permettrait de pallier ce défaut.
C’est dans cette recherche que la solution qui équipe toujours la plupart des automobiles voit le jour. Il s’agit du « joint homocinétique », aujourd’hui couramment connu sous le nom de « joint de cardan », appelé joint Tracta par Pierre Fenaille et Jean-Albert Grégoire, qui reprend et améliore les principes de l’arbre de transmission établis par le savant italien Jérôme Cardan au 16e siècle. Jean-Albert Grégoire en décrit ainsi les améliorations successives :
« Dans un joint à la cardan, si l’arbre mené fait un angle avec l’arbre meneur tournant à une vitesse constante, la vitesse de l’arbre mené est irrégulière, tantôt supérieure, tantôt inférieure à celle de l’arbre meneur […] ce qui occasionne un mouvement spasmodique transmis par la direction. En 1690, le mécanicien anglais Hooke avait décrit cinématiquement le phénomène et démontre que pour transmettre correctement un mouvement par des joints à la cardan, sous un certain angle, il suffisait d’en utiliser deux, symétriquement placés par rapport au plan bissecteur des arbres meneurs et menés. […] Fenaille proposa un joint double à noix, fort ingénieux qui, mis au point au cours des années suivantes, devint le joint Tracta. »
Ce joint Tracta permettrait enfin au principe de la traction avant d’être appliqué sur des véhicules de série. Les avantages de cette nouvelle mécanique sont nombreux : la tenue de route est excellente, le changement de direction est silencieux et la conduite est souple.
Le brevet est déposé en 1926 et ses licences sont gérées par la Société des Automobiles Tracta, spécialement créée à cet effet. Pour promouvoir le joint, deux prototypes sont préparés pour courir les 24 heures du Mans de 1927. Malheureusement, le matin de la course, un accident manque de tuer Jean-Albert Grégoire, Pierre Fenaille et leurs collaborateurs. Jean-Albert Grégoire, moins grièvement blessé que ses amis, s’enfuit de l’hôpital pour courir les 24 Heures aidé de pilotes recrutés peu avant le départ, et parvient à qualifier ses deux Tracta. Voilà une première victoire associée à une grande peine, puisque son ami Fenaille restera longtemps dans le coma et ne se remettra jamais vraiment de cet accident, laissant la gestion de la Société des Automobiles Tracta à Jean-Albert Grégoire.
Malgré les succès remportés par les Tracta à la course des 24 Heures pendant quatre années consécutives – Jean-Albert Grégoire obtient même le record du nombre de voitures qualifiées – le système de traction-avant reste décrié par la plupart des constructeurs.
Date de mise en ligne : 24 novembre 2010 | |
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