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En guise d'introduction...


Auteur du dossier : Sophie Pehlivanian (dossier édité par Simon Fieschi)
(Institut pour l'Histoire de l'Aluminium (IHA))


L'ingénieur Grégoire a su, durant toute sa carrière, remettre en question les technologies automobiles afin de les diversifier et de les améliorer. Se qualifiant lui-même de chercheur, il trouve sa satisfaction dans la mise au point de pièces, de systèmes constructifs et de concepts. En 1947, il résume en ces termes le rôle qu'il tient dans l'industrie automobile : « Je ne construis pas d'automobiles ! J'étudie, je monte et mets au point des prototypes nouveaux. Les constructeurs intéressés peuvent ensuite soit fabriquer en série ces prototypes dans leur ensemble, soit adopter certains dispositifs qu'ils comportent. »



Tout au long de sa carrière, il reste jaloux de son indépendance, attaché à une liberté qui lui permet de diriger ses recherches là où le conduisent ses intérêts et ses intuitions personnels. Fier d'affirmer qu'il effectue son travail d'ingénieur « aucunement par amour de l'argent, mais par passion de l'automobile » il refuse en 1934 un poste chez Citroën, et, hormis quelques emplois de conseiller technique auprès des constructeurs automobiles, il a conservé une position de chercheur indépendant à la tête de son propre bureau d'études et prôné cette attitude auprès de ses confrères.
Même s'il montre un souci permanent de commercialiser ses brevets et de transmettre ses découvertes aux grandes firmes automobiles, sa position volontairement périphérique ne facilite pas la généralisation de ses recherches sur les véhicules de série. Elle lui permet en revanche de travailler pour des commanditaires qui se trouvent hors du champ de l'industrie automobile, mais qui comptent justement sur ses innovations pour y ouvrir de nouveaux débouchés. Parmi elles, la Compagnie Générale d'Électricité, qui vient le trouver durant la Seconde Guerre mondiale afin qu'il conçoive un petit véhicule électrique, la société L'Aluminium Français, qui le sollicite pour la conception d'une petite voiture populaire destinée à l'après-Seconde Guerre mondiale et enfin, la Compagnie électromécanique pour qui il conçoit au début des années 1950 un prototype de voiture dont le moteur est remplacé par un turbopropulseur.

Son esprit ouvert et peu conventionnel a fait de Grégoire un « touche-à-tout » : passionné de littérature dès son adolescence, ingénieur diplômé de l'Ecole Polytechnique, sportif confirmé – il reçoit même le prix de Champion de France du 100 mètres en 1923 et développe encore de nombreuses passions dont la mycologie (l'étude des champignons), l'œnologie, la peinture, enfin, dont il est un collectionneur. Il compte parmi ses amis plusieurs peintres de l'Ecole de Paris des années 1930, dont Conrad Kickert (1882-1965) et Anders Österlindh (1887-1960).  Son amitié avec Maurice de Vlaminck donnera lieu à un échange où se mêlent colère et admiration, qu'il rapporte ainsi dans ses mémoires : « Vlaminck me racontait un jour les tendances anarchiques de sa jeunesse et comment il écrivit des articles pour Le Libertaire. Comme je ne paraissais pas très admiratif, il explosa tout à coup : “Pourquoi fais-tu la grimace ? N'es-tu pas aussi un révolutionnaire ? Tu as bien conçu les voitures à l'envers des autres !...” »

À partir de 1934, Jean-Albert Grégoire utilise les alliages légers pour chacun de ses châssis, devenant le promoteur de l'usage de l'aluminium dans l'automobile. C'est le début d'une longue collaboration avec le groupe Pechiney, qu'il décrit comme « une belle aventure rarissime dans la jungle de l'industrie.Elle se concrétise par des prototypes aux destins industriels plus ou moins heureux, qui témoignent de l'inventivité de leur auteur.

Un exemplaire de chacun de ces véhicules a été réuni par Jean-Albert Grégoire au sein d'une collection qui est, depuis 2009, la propriété de l'Institut pour l'histoire de l'aluminium. La Collection Jean-Albert Grégoire-Institut pour l'histoire de l'aluminium se compose de deux ensembles :

    •    un ensemble de onze automobiles et de trois chassis d'automobiles
    •    un ensemble d'objets divers qui ont un rapport avec le monde de l'automobile, tels que des maquettes de soufflerie et des pièces détachées.

L'ensemble de la Collection est conservé, depuis 2009, à la Cité de l'Automobile-Collection Schlumpf de Mulhouse.


 
Date de mise en ligne : 24 novembre 2010
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